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Chaque passage du Tour de France dans les Pyrénées est toujours marqué par un évènement singulier, qui contribue à la légende de la Grande Boucle. L’exploit d’Eugène Forgeron durant l’édition 1913 reste certainement le plus mémorable de tous.

Une figure emblématique du Tour
Dans l’histoire du Tour de France, Eugène Christophe est connu pour être le premier coureur à enfiler le vrai premier maillot jaune de la compétition. C’était en 1919, au départ de l’étape entre Grenoble et Genève au cours de la 11e journée de course. L’idée de lui faire porter ce maillot vient du directeur du journal L’Equipe, qui souhaite alors honorer et distinguer le leader du classement général au départ de chaque étape. Eugène Christophe est alors solidement implanté en tête du classement, avec plus de 28 minutes d’avance sur son principal concurrent.

L’histoire est en marche
La réputation du « Vieux Gaulois » ne s’est toutefois pas construite ce jour-là, mais six ans auparavant, soit en 1913. Cette année-là, Eugène Christophe participe à l’un de ses premiers Tour de France et ne sait pas encore qu’il va marquer la légende de la course, au départ de la 6e étape reliant Bayonne et Luchon. Cette journée inclut évidemment une ascension périlleuse du col du Tourmalet. La légende est en marche en ce soir du 9 juillet 1913 lorsque le « Vieux Gaulois », pas si vieux que ça – il a 28 ans à l’époque – franchit en deuxième position le célèbre col, seulement devancé par le Belge Marcel Buysse. Détail important, la nuit est déjà largement avancée lorsque Eugène Christophe entame la descente du col.

Le début de la légende
C’est alors qu’il percute de plein fouet un des véhicules suiveurs. L’accident épargne miraculeusement le coureur parisien, qui s’en sort avec juste quelques égratignures. Son vélo, par contre, résiste moins au choc et voit sa fourche cassée. A une époque où les abandons pour cause de défaillances techniques sur le Tour sont fréquents, Eugène Christophe décide de poursuivre la course. Mais il doit alors réparer sa fourche, sans l’aide de personne, le règlement l’interdisant à l’époque. Le vaillant « Vieux Gaulois » se met alors à la recherche d’un endroit où réparer son vélo, qu’il porte sur ses épaules jusqu’au village de Sainte-Marie-de-Campan. Le coureur et sa machine de 20 kilos parviennent à convaincre le forgeron du village de lui prêter son atelier le temps de réparer son vélo.

Un acte porté à la postérité
Sous la surveillance d’un commissaire de course, Eugène Christophe, mécanicien de formation, répare lui-même sa fourche, pendant au moins quatre heures. Il quitte le village seulement à l’aube pour rejoindre Luchon et terminer la course. Ces heures perdues à réparer son vélo a valu à « Cri-Cri » de finir bon dernier de l’étape, une performance qui ne l’empêche pas de s’adjuger la 7e place du classement général de l’édition 1913. Plus que le classement, les amoureux de la Grande Boucle retiennent de cette édition l’acte de bravoure d’Eugène Christophe, qui entre définitivement dans la légende du Tour dans les Pyrénées.