L’histoire du Tour de France 1996 est étroitement liée à l’attaque mémorable de Bjarne Riis sur l’ascension du Hautacam. Un épisode qui lui a valu de valider définitivement son triomphe sur la Grande Boucle.
Rude concurrence dans le peloton
Pour beaucoup d’amateurs, le tour de France 1996 rappelle un peloton constitué de noms prestigieux dans les années 90 comme Richard Virenque, Miguel Indurain, Erik Zabel, Laurent Jalabert ou encore Alex Zülle. Des stars de la petite reine qui ne renient pas d’aller au charbon quand il faut défier les prestigieux cols du Tour de France, en bons forçats de la route qu’ils sont. Les premières semaines de la course sont d’ailleurs marquées par un coup de force de ces favoris et outsiders de l’époque, chacun à leur manière. Zülle, le premier maillot jaune, cède sa première place à Stéphane Heulot, le champion de France, lors de l’étape à Moncassin.
Quelques jours plus tard, Laurent Jalabert abandonne la course après seulement 69 kilomètres lors de l’étape reliant Turin à Gap. Le Champion du monde en titre assiste depuis sa caravane à la victoire d’Érik Zabel lors de cette étape, un succès qui n’inquiète pas pour autant Bjarne Riis, maillot jaune depuis sa victoire lors de la 9e étape entre Le Monêtier-les-Bains et Sestrières. Les observateurs comme les coureurs ne pensaient pas encore à l’époque que le coureur danois de l’équipe Telekom – qui a mené les débats tout au long de la course, comme la team Sky en 2015 – ne pourrait pas conserver son leadership jusqu’à l’arrivée à Paris, vu son passé. En 1996, le Danois en est à sa septième participation déjà, à la Grande Boucle, dont il a terminé à deux reprises dans les 5 premiers. La 16e étape entre Agen et Lourdes-Hautacam change définitivement la donne.
Riis à l’assaut du Hautacam
Après un départ sans accroc du peloton à Agen, le peloton reste groupé, malgré les tentatives d’échappées de quelques outsiders. Le groupe des favoris se détache néanmoins du peloton à l’ascension de la montée finale du Hautacam, au sommet duquel l’arrivée a été programmée. Bjarne Riis se lance alors avec Indurain, Virenque, Laurent Dufaux et Abraham Olano dans l’ascension finale, en espérant décrocher une victoire de prestige sur cette étape phare du triptyque pyrénéen. Durant la montée, Bjarne Riis affiche une facilité déconcertante et tente deux ou trois fois une attaque en solitaire, avant de (volontairement) rétrograder pour jauger ses poursuivants. Puis, à une dizaine de kilomètres du sommet, il place une accélération imparable que ses rivaux ne peuvent plus suivre et s’envole définitivement vers la victoire d’étape.
Durant les 30 dernières minutes de l’ascension, il a développé une puissance record – du moins selon l’analyse des temps de montée – de 480 watts de moyenne, avec un pic à 536 watts lors de son attaque. Aucun coureur – même pas Lance Armstrong, Marco Pantani ou Alberto Contador — n’a réussi à reproduire cette performance, ni avant, ni après le Danois. Il creuse ainsi son avance sur ses poursuivants au classement général et réserve déjà sa place en vue de la victoire finale à Paris. Malgré les fulgurances de la révélation Jan Ullrich à Bordeaux, le Danois devient le premier représentant du Danemark à remporter la Grande Boucle. Même s’il a avoué en 2007 s’être dopé lors de sa victoire, son attaque monstre dans le Hautacam reste dans les annales, de même que son nom demeure inscrit au palmarès du Tour de France 1996.