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Le 22 juillet 2010, jour de la 17e étape de l’édition de cette année, marque le centenaire du passage du Tour de France dans les Pyrénées. A cette occasion, deux grands champions semblent vouloir marquer le coup en se livrant à un duel resté dans les annales lors de l’ascension du Tourmalet. Leurs noms ? Andy Schleck et Alberto Contador.

Le contexte
Au départ de cette fameuse 17e étape du Tour de France 2010, l’Espagnol Alberto Contador, de l’équipe Astana, est leader du classement général, suivi de près par le Luxembourgeois Andy Schleck, qu’il devance de seulement 40 secondes au général. Cette 17e étape s’apparente donc à une manche décisive entre les deux coureurs, d’autant plus que l’arrivée est programmée au sommet du mythique col du Tourmalet. Un semblant de brouille entre les deux champions suite à une attaque peu règlementaire de l’Espagnol, alors que le coureur de la Team Saxo Bank est victime de problèmes mécaniques, rend encore plus savoureuse cette étape aux airs d’explication, ou de revanche.

Un duel sans réel vainqueur
Le départ annoncé, les deux champions pourtant préfèrent rouler avec le peloton. Même quand un groupe d’échappés se détache dès le départ, les deux champions restent avec le peloton. Mais quand vient la montée finale du Tourmalet, l’un et l’autre savent qu’un duel est inévitable pour se départager l’étape. Au 6e kilomètre de l’ascension, Andy Schleck lance les hostilités avec une accélération que seul Alberto Contador peut suivre. Malgré les changements de rythme fréquents du Luxembourgeois, El Pistolero tient bon et reste dans les roues. À 4 km de l’arrivée, le natif de Madrid place à son tour une attaque qu’Andy Schleck suit sans problème. Au cours de ce mano à mano, les deux coureurs ont eu le temps de rattraper puis de dépasser un par un les échappés du jour.

Leur coude à coude tourne à la bataille tactique et les deux champions ne parviennent pas à se départager. Arrivés ensemble au sommet du Tourmalet, les deux champions sont partis pour un sprint alléchant jusqu’à l’arrivée… Sauf que non. Alberto Contador, désireux certainement d’apaiser le jeu suite à son attaque peu commode quelques jours auparavant ne dispute pas le sprint et laisse Andy Schleck filer vers la victoire d’étape. Plus que ce noble geste, le public retiendra de ce jour le duel entre les deux grands coureurs, qui n’est pas sans rappeler l’explication entre Jacques Anquetil et Raymond Poulidor lors de l’ascension du Puy de Dôme.

La légende du Tourmalet
Et dire que ce duel mémorable aurait pu ne pas avoir lieu si Henri Desgrange n’avait pas écouté les conseils de son bras droit Alphonse Steinès un siècle auparavant. Peu avant 1910, alors que le Tour essuie une pluie de critiques, le directeur du magazine L’Auto, ancêtre de L’Equipe, se creuse la tête pour trouver un moyen de redorer le blason de sa course. C’est alors qu’Alphonse Steinès lui suggère d’ajouter plus de piquant à la compétition en incluant des étapes de montagnes, disputées dans les Pyrénées, où les coureurs auraient à affronter les redoutables cols de l’Aubisque et du Tourmalet.

Traité de fou par son supérieur, Alphonse Steinès persiste. Il se porte même volontaire pour partir en reconnaissance sur les routes de l’Aubisque et du Tourmalet. Malgré des routes en piteux état, Alphonse Steinès parvient à monter jusqu’au sommet du Tourmalet, non sans peine, et mentira à Henri Desgrange en disant que le tracé de l’ascension des deux cols est praticable. Dans un télégramme envoyé à son patron, il dira même que la route du Tourmalet est « superbe, parfaitement carrossable et sans neige ». Ce rapport mensonger convainc Henri Desgrange, qui donne alors son feu vert pour une ascension du Tourmalet, lors du Tour 1910.